Comment on fait les jeux sérieux ?
Chose promise, chose due, nous vous proposons la suite de notre article sur la gamification, avec cette fois un billet sur les serious game, ces jeux dits sérieux, souvent utilisés en formation ou en entreprise.
S’amuser en travaillant
Le bon fonctionnement d’un jeu repose la majeure partie du temps sur le fun qu’en tirent les joueurs. Le fun, c’est ce plaisir d’apprendre par l’expérimentation, une notion extrêmement satisfaisante pour nos cerveaux. Le jeu nous permet en effet d’essayer, de faire « comme si », avec pas ou peu de conséquences en cas d’échec (en tout cas pas au-delà de la partie). Si l’on ajoute des boucles d’apprentissage très courtes (on peut vite vérifier les résultats de ses tentatives), on obtient une situation pédagogique extrêmement efficace. Il n’en fallait pas plus à quelques-uns pour imaginer que le jeu pouvait avoir un brillant avenir dans le domaine de la transmission de savoir. Et c’est ainsi que naquit le serious game.
Why so serious?
La première grande difficulté du jeu sérieux, c’est justement cet adjectif : « sérieux ». Pour reprendre les fondamentaux, intéressons-nous à la définition du jeu que donne Roger Caillois en 1958 : « Le jeu est une activité libre, incertaine, improductive et réglée, limitée dans le temps et dans l’espace. » S’il est facile d’utiliser une large partie de cette définition dans le cadre des jeux sérieux, deux écueils majeurs se présentent tout de même : le jeu sérieux est rarement une activité libre (puisque proposée comme un jalon dans un cadre professionnel ou d’apprentissage), et encore moins une activité improductive (on ne joue pas pour le simple plaisir de jouer). Voilà deux éléments dont l’absence peut rapidement transformer n’importe quelle partie de n’importe quel jeu en une corvée pour les participants. Vous avez déjà essayé de proposer une partie à des personnes qui ne veulent pas jouer ? Alors vous imaginez sûrement le résultat que peut donner un jeu sérieux qui ne s’intéresse pas à ces questions. Une dernière chose : l’appellation « jeu sérieux » revient à classer les autres jeux comme « non sérieux ». On peut légitimement douter que les joueuses et joueurs d’échecs apprécient.
On joue maintenant, c’est sérieux !
Nous pouvons alors nous demander comment rendre sa dimension ludique au jeu sérieux. Voici plusieurs pistes :
Une activité basée sur le volontariat, pratiquée en public
Les jeux sérieux fonctionnent mieux quand ils ont été choisis. On aurait donc tendance à recommander de proposer sans forcer. Le risque inhérent, c’est de ne toucher que les personnes déjà sensibilisées au jeu ou à la thématique que vous traitez. Cependant, il est intéressant de constater que l’effet d’émulation peut être assez fort pour que d’éventuels spectateurs, a priori non réceptifs, puissent petit à petit se « prendre au jeu ».
Une activité non mesurée
Là, on touche un point compliqué. Pour l’organisme de formation ou le responsable d’entreprise qui se dote d’un jeu sérieux, on peut aisément imaginer que des statistiques sont une nécessité pour estimer la rentabilité de son investissement. Cependant, il est contre-productif de mesurer les résultats des joueurs par un score dans le cadre d’une évaluation. En effet, cette pratique introduit des conséquences à la partie, transformant une activité ludique en un contrôle de connaissances. On n’est plus là pour apprendre, mais pour montrer qu’on sait. Il n’y a donc plus de place pour le fun. Afin de pallier cette contradiction, il est en revanche possible d’envisager un examen après la partie, pour mesurer les bénéfices apportés par le jeu.
Élargir le champ du sérieux
Il est parfois plus judicieux d’utiliser un jeu déjà existant que de créer des formats spécifiques. C’est en particulier vrai quand on veut travailler sur des problématiques de team-building ou sur des questions liées au savoir-être. Il existe de nombreux jeux de communication, d’imagination, de coopération qui pourront permettre aux personnes d’exercer ou de développer des compétences utiles au quotidien. Aussi, prendre le temps de s’interroger en premier lieu sur l’objectif opérationnel du jeu avant de s’arrêter à sa forme est capital. Pas la peine en effet de se lancer dans une grosse interface en réalité augmentée quand un simple jeu de cartes peut suffire à atteindre les mêmes objectifs. En jeu sérieux comme dans tout dispositif interactif, la forme est fonction du fond, pas l’inverse. En tout cas, c’est comme cela que nous voyons les choses chez Concept Image.
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